119 Autopsie des terrorismes by Chomsky Noam

119 Autopsie des terrorismes by Chomsky Noam

Auteur:Chomsky,Noam [Chomsky,Noam]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Serpent à Plumes
Publié: 2002-06-22T17:23:58+00:00


VII

Après les bombes ?

D’après des entretiens avec Michael Albert

le 30 septembre 2001

et Greg Ruggiero le 5 octobre 2001.

Q : On a assisté à d’immenses mouvements de troupes et un recours prononcé à la rhétorique militaire. Au point qu’il a été question de mettre fin à des gouvernements, etc. Pourtant, aujourd’hui, la réaction semble très mesurée. Que s’est-il passé ?

CHOMSKY : Dès les premiers jours de l’attaque, l’administration Bush a été prévenue par les chefs de l’OTAN, spécialistes de cette région [de l’Asie centrale], et sans doute par ses propres agences de renseignements (sans parler des gens comme vous et moi) que si les États-Unis répliquaient par une attaque massive qui tuerait de nombreux innocents, ils combleraient les vœux les plus chers de Ben Laden et de ses semblables. L’avertissement reste valable – peut-être encore plus, d’ailleurs – s’ils en viennent à tuer Ben Laden lui-même sans avoir fourni auparavant des preuves crédibles de son implication dans les crimes du 11 septembre. Il passerait alors pour un martyr aux yeux de l’immense majorité des musulmans, qui déplore ces crimes. S’il est réduit au silence par la mort ou l’emprisonnement, sa voix continuera à résonner sur les dizaines de milliers de cassettes qui circulent déjà dans tout le monde musulman, et à travers les nombreuses interviews qu’il a données jusqu’en septembre. Une offensive qui tuerait des Afghans innocents risquerait de rallier de nouveaux volontaires à la cause horrible du réseau Ben Laden et des autres forces terroristes mises en place par la CIA et ses associés il y a vingt ans pour mener une guerre sainte contre les Russes, et qui continuent par ailleurs à suivre leur propre programme.

Il semble que le message ait finalement atteint l’administration Bush, qui a – sagement, de son point de vue – choisi un autre plan d’action.

Cependant, qualifier cette réaction de « mesurée » me paraît contestable. Le 16 septembre, un correspondant du New York Times a rapporté que « Washington a aussi demandé [au Pakistan] de cesser les approvisionnements en carburant […] et de supprimer les convois de camions qui apportent une grande partie de la nourriture et d’autres marchandises aux civils afghans ». Ce qui est frappant, c’est que cet article n’a suscité aucune réaction perceptible en Occident, et cela nous rappelle de manière sinistre la vraie nature de cette civilisation occidentale dont les chefs et les élites intellectuelles réclament la défense. Les jours suivants, ces demandes ont été exécutées. Le 27 septembre, le même correspondant a rapporté que des représentants officiels du Pakistan « ont déclaré [ce jour-même] qu’ils ne reviendraient pas sur leur décision – prise en réponse à la demande de l’administration Bush – de fermer la frontière de deux mille trois cents kilomètres qu’ils partagent avec l’Afghanistan parce que, ont-ils précisé, ils voulaient s’assurer qu’aucun des hommes de M. Ben Laden ne se cachait dans le flot gigantesque des réfugiés ». (John Burns, Islamabad.) « La menace de frappes militaires a contraint les membres des organisations humanitaires internationales à évacuer



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